Quand les injonctions nous mènent la vie dure...

par Erika Rouer

Il y a des moments où l’on se sent constamment « poussé(e) » : faire plus, faire mieux, être à la hauteur. Ces petites phrases qui résonnent dans nos têtes – « je dois », « il faut que » – peuvent, à la longue, devenir de véritables chaînes invisibles.

J’aimerais partager avec vous une réflexion sur ces fameuses injonctions, leur impact sur notre quotidien… et surtout, quelques pistes concrètes pour s’en libérer en douceur.

Les injonctions, qu'est-ce que c'est que cela encore ?

Depuis quelques mois, j’étais parasitée par mes pensées : « il faut que je propose plus de créneaux de rendez-vous aux patients afin qu’ils n’attendent pas trop longtemps », « je dois m’occuper davantage de mes enfants », « je dois terminer rapidement cette formation », « il faut que je reprenne le sport parce que j’ai pris du poids », etc.

STOP, mettons un terme à cela !

Revenons en arrière un instant. Deux termes me dérangent dans ces phrases : « je dois » et « il faut ».

Les injonctions, c’est cela !

Personnellement, cela me décourage, m’oppresse, et génère une forte charge mentale. J’avoue que, parfois, mon esprit et moi menons un rude combat. Cela vous arrive aussi ? Tout cela a engendré du stress pour moi… et le cercle vicieux s’est enclenché : sommeil de mauvaise qualité, alimentation négligée (oui, même les diététiciennes n’ont pas une alimentation parfaite), estime de soi en berne, et j’en passe.

Mes conseils pour limiter l’impact des injonctions

  • Notez toutes les injonctions qui vous traversent l’esprit pendant quelques jours, puis posez-vous les questions suivantes : « pourquoi ? », « qui m’impose cela ? ». Est-ce votre éducation, la société ?

    Reprenez votre pouvoir de décision : plutôt que de dire « je dois faire du sport sinon je vais grossir », dites-vous « je souhaite faire du sport parce qu’être en bonne santé est important pour moi ». Entraînez votre esprit à cultiver des pensées positives. À ce sujet…

  • Travaillez vos pensées parasitaires : « il faut que j’arrête de manger ce type d’aliment, je vais finir comme une grosse vache ». Votre esprit déforme la vision de votre corps et provoque un évitement (comme la suppression d’un aliment).

    Pourtant, il s’agit là d’une simple pensée, et non d’une vérité absolue. Pensez-vous que cette pensée vous est bénéfique ? Utile ? Je vous invite à visualiser l’océan dans ces moments-là : votre pensée arrive telle une vague, que vous accueillez sans jugement. Si elle ne vous est pas bénéfique, laissez-la repartir vers l’horizon. N’hésitez pas à relire mon article sur la fusion des pensées.

  • Utilisez la matrice d’Eisenhower : elle permet d’apprendre à prioriser et à déléguer. Personnellement, c’est mon conjoint qui me l’a fait découvrir après avoir constaté la charge mentale liée à ma volonté de tout bien faire. Depuis, cet outil m’aide régulièrement dans mon quotidien.

  • Accordez-vous du temps parce que vous le méritez ! Cela peut se traduire par une séance de yoga, une recette maison, la lecture d’un roman, un restaurant entre ami(e)s, un bain chaud ou encore, le plaisir de regarder une série allongé(e) sur le canapé. Précision importante : prendre une pause n’est pas un acte égoïste. C’est une nécessité bénéfique.

Et le lien entre les injonctions et l’alimentation dans tout cela ?

Et bien, figurez-vous qu’il y en a un ! Ces injonctions, souvent source de stress, de baisse d’estime de soi, et de pression, peuvent avoir une influence directe sur votre comportement alimentaire. Elles peuvent contribuer à l’apparition de troubles du comportement alimentaire (TCA), tels que l’alimentation émotionnelle ou l’hyperphagie, par exemple.

Et maintenant, êtes-vous prêtes à affronter vos injonctions ?

Faites preuve de patience. C’est la clé de la réussite. Travailler ses pensées, ses TCA, ses émotions, ou encore son regard sur soi peut prendre du temps — des mois, voire des années. Pour ma part, c’est un travail de longue haleine.

Sachez que même nous, professionnels de santé, avons parfois — souvent même — besoin de travailler sur nous. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide et prendre rendez-vous auprès d'une diététicienne.

Portrait d’Erika Rouer, diététicienne nutritionniste spécialisée dans la prise en charge des
                                    troubles du comportement alimentaire et de l'obésité

Erika Rouer

Je suis diététicienne nutritionniste spécialisée dans l’accompagnement des troubles du comportement alimentaire (TCA), l’obésité et l’alimentation émotionnelle.

J'ai à cœur d'apporter à mes patients une approche bienveillante centrée sur les aspects psychologiques liés à l'alimentation.

J'écris dans le but de vous accompagner vers un mieux-être, afin de vous permettre d’être en harmonie avec votre corps et votre alimentation.

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