Boulimie et hyperphagie

La boulimie et l’hyperphagie sont des troubles du comportement alimentaire (TCA).

La boulimie touche majoritairement les filles comme pour l’anorexie mentale mais, contrairement à cette dernière, elle apparaît plus tardivement, vers 19 – 20 ans.

L’hyperphagie quant à elle, touche aussi bien les hommes que les femmes et, apparaît plutôt à l’âge adulte.

Qu’est-ce qui caractérise les troubles de la boulimie et de l’hyperphagie ?

La boulimie se caractérise par :

– L’ingestion d’une quantité importante de nourriture : j’insiste sur les termes « quantités importantes ». En effet, j’ai régulièrement entendu des patient(e)s se décrivant comme étant « boulimique » parce qu’ils/elles avaient englouties tout le paquet de choco BN de leur bambin.
Lors d’une crise boulimique, les ingesta dépassent les 4000 kcal et, peuvent aller jusqu’à 8000 kcal ! Autant vous dire qu’en mangeant un paquet de gâteaux, on en est loin.

– Un besoin impulsif et incontrôlable : une personne souffrant de boulimie peut manger tout ce qui lui tombe sous la main.
La recherche du plaisir alimentaire est rarement présente. J’ai déjà rencontré une patiente mangeant des boites de conserve froides (type raviolis), à même la conserve. Certaines personnes souffrant de boulimie peuvent également prévoir des achats « exorbitants » spécifiques aux crises à venir pour ne pas manquer.
Il arrive même que certaines personnes mangent directement dans leur voiture, en sortant du supermarché par exemple.

– Un temps imparti : généralement, la crise boulimique dure peu de temps, moins d’une trentaine de minutes.

– La peur du jugement : les crises de boulimie ont généralement lieu « en cachette », à l’abri du regard.

– En dehors de ces crises, les patients souffrant de boulimie s’alimentent « normalement ». Très souvent, les proches ne s’en aperçoivent pas.

L’hyperphagie, se caractérise également par l’ingesta de grandes quantités de nourriture et ce, jusqu’à ce que la personne ressente une distension abdominale, c’est-à-dire un dépassement de la sensation de rassasiement : il s’agit de la réplétion gastrique. Dans ce cas-là, on parle « d’hyperphagie boulimique ».

A contrario de la crise boulimique, la crise hyperphagique peut se faire progressivement, tout au long de l’après-midi. Le besoin est rarement impulsif.

Très souvent, la crise d’hyperphagie est en lien avec les émotions (cf article alimentation émotionnelle) tandis que la crise de boulimie peut surgir même lors d’un état de bien-être. Certaines personnes finissent même par dire que des crises sont faites « par habitude » comme si, une « force intérieure prenait le dessus ».

Qu’est-ce qui différencie la boulimie de l’hyperphagie ?

Les personnes souffrant de boulimie vont mettre en place des comportements dits « compensatoires » : des vomissements (on parle alors de boulimie « vomitive »), l’utilisation de laxatifs, des activités sportives à outrance.
De ce fait, elles ne prennent pas de poids, ou rarement, et, ne souffrent pas, de surpoids ou obésité, à l’inverse des personnes souffrant d’hyperphagie, qui elles, n’ont pas de système de « purge ».

Comment reconnait-on une personne souffrant de boulimie ?

La personne souffrant de boulimie souhaite garder le contrôle de son poids mais, à l’inverse d’une personne souffrant d’anorexie, elle ne souhaite pas atteindre un état de minceur/maigreur. La perte de poids n’est pas son objectif.

Néanmoins, après l’absorption d’une grosse quantité de nourriture, elle cherchera à tout prix à éliminer, à débarrasser de tous ces excès, son corps.

En général, les crises de boulimie ou d’hyperphagie boulimique, se font à l’abri du regard. Souvent, les déchets restants sont cachés au fond de la poubelle. Le sentiment de culpabilité et de honte est intense. C’est pourquoi, il est difficile, dans un premier temps, de repérer, dans votre entourage, une personne souffrant de boulimie. Cependant, les systèmes de purge utilisés peuvent mettre la puce à l’oreille à moyen terme.

Je note tout de même que mes patient(e)s souffrant d’hyperphagie ont parfois des crises devant leur conjoint par exemple. C’est rarement le cas dans lors des crises de boulimie.

Quelles sont les causes des troubles de la boulimie et de l’hyperphagie ?

Les causes de ces troubles des conduites alimentaires sont les suivantes :

– Mauvaise image de soi-même
– Manque affectif
– Manque d’estime – confiance en soi
– Besoin obsessionnel de vouloir tout maîtriser
– Peur d’échouer

Sur le plan physique, des symptômes peuvent apparaître :

La boulimie peut engendrer des problèmes dentaires, la chute des cheveux, les ongles cassants, une fatigue intense, une humeur dépressive etc.

L’hyperphagie entraine, comme vu ci-dessus, un surpoids ou une obésité. Elle peut également engendrer des troubles digestifs, une diminution de l’estime de soi (celle-ci peut être à la fois la cause et la conséquence des troubles hyperphagiques et boulimiques) etc.

Le traitement des troubles boulimiques et hyperphagiques

Comme dans le cadre de l’anorexie, la prise en charge pluridisciplinaire est importante : idéalement, un médecin généraliste ou un pédiatre pour poser le diagnostic, un psychiatre ou un psychologue dans le cadre d’une psychothérapie et, une diététicienne. Des examens peuvent être approfondis : examens dentaires, examens cardio-vasculaires etc.

Généralement, les personnes souffrant de boulimie ou d’hyperphagie, ne sont pas dans le déni : elles ont conscience de leur pathologie. Elles ne sont donc pas fermées à demander de l’aide, même si la culpabilité et la honte ressenties peuvent freiner la prise en charge dans un premier temps.

Une thérapie cognitive et comportementale est idéale. Dans le cadre d’un(e) patient(e) adolescent(e), une thérapie familiale peut être utile.

Conseils pour les proches d’une personne souffrant de boulimie ou d’hyperphagie

Vous êtes parfois les premiers à remarquer la maladie. Votre adolescent(e) ou votre proche va avoir besoin de personnes « ressources » sur lesquelles il(elle) peut compter :

– Soyez bienveillant : éviter les remarques en lien avec son alimentation ou son apparence physique.
– Incitez-le(a) à consulter, à se faire aider. N’hésitez pas à l’accompagner.
– Félicitez-le(a) : dans la guérison, il n’y a pas de « petits pas ». Tout est bon à prendre.
– Soyez patient : la prise en charge s’effectue sur plusieurs mois voire plusieurs années.

Guérir d’un trouble du comportement alimentaire (TCA) est long.

Si vous souffrez de trouble boulimique ou hyperphagique, n’hésitez pas à me contacter. Je peux vous proposer une prise en charge autour de la thérapie cognitive et comportementale. Nous travaillerons sur des notions comme l’estime de soi, la gestion émotionnelle, les pensées limitantes etc.

N’ayez pas honte de demander de l’aide. Vous n’êtes pas votre maladie. Elle ne vous caractérise pas. L’objectif des consultations est également de prendre de la distance avec celle-ci.

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