Anorexie

L’anorexie : un trouble du comportement alimentaire

Longtemps remarquée dans certaines professions comme le mannequinat ou bien chez les sportifs de haut niveau comme les danseuses ou les gymnastes, le trouble de l’anorexie se développe désormais chez les jeunes, filles ou garçons (eh oui !), dès l’âge de 14 – 15 ans avec un pic maximal aux alentours de 17 – 18 ans.

Ici, je développerai ce qu’on appelle « l’anorexie mentale ». En effet, certaines maladies peuvent entraîner une autre forme d’anorexie : ce peut être le cas d’un patient souffrant d’un cancer, qui n’arrive plus à se nourrir (des causes physiologiques, des nausées, des vomissements, un dégoût alimentaire, etc.). On parle d’ailleurs souvent de cachexie dans ce cas. D’autres pathologies peuvent également amener une anorexie comme le diabète de type 1, la maladie de Crohn, etc. Et ce, pour diverses raisons : des douleurs, un traitement inadapté, etc.

Petit aparté : il convient de rappeler qu’une personne maigre ne souffre pas nécessairement d’anorexie. N’avez-vous jamais croisé une personne très maigre dans la rue en ayant cette pensée-ci ? On parle ici de « maigreur constitutionnelle ». Il s’agit là d’un état physiologique de sous poids et non, un problème de santé, la personne ne souffrant pas de troubles du comportement alimentaire (TCA).

L’anorexie « mentale », qu’est-ce que c’est ?

L’anorexie est une maladie psychologique, voire même psychiatrique, pour laquelle on observe une perte de poids rapide et, souvent conséquente, une perturbation à l’alimentation et, une dysmorphophobie.
La dysmorphophobie se caractérise comme par des pensées obsessionnelles en lien avec un défaut corporel, souvent inexistant ou, léger. Le corps est alors perçu comme étant très gros.

L’anorexie ne s’installe pas du jour au lendemain, elle est progressive : ce qui explique pourquoi l’entourage d’une personne souffrant d’anorexie n’est pas rapidement interpellé. D’ailleurs, ceci est vrai également pour le(a) malade (elle)lui-même. Effectivement, la personne souffrant d’anorexie est généralement dans le déni les premiers temps.

Qu’est-ce qui caractérise le trouble de l’anorexie mentale ?

Selon le DSM-V, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, l’anorexie mentale est caractérisée par :

– Une restriction alimentaire conduisant à une perte de 10 à 15 % du poids de forme
– Une perception de soi faussée conduisant à une mauvaise estime de soi
– Une peur de prendre du poids ou de devenir « gros(se) »

Ces trois critères doivent être remplis pour poser le diagnostic de l’anorexie mentale. Le critère d’aménorrhée (absence de règles) a disparu même si, c’est très souvent le cas.
L’anorexie peut également pousser à un comportement boulimique, c’est-à-dire une consommation frénétique d’aliments (souvent gras et sucrés) et, bien souvent, une purge sous forme de vomissements, d’utilisation de laxatifs ou encore de pratiques sportives à outrance.

Le trouble de l’anorexie, concrètement :

Le(a) patient(e) souffrant d’anorexie va progressivement diminuer ses ingestas. En général, il(elle) se met « au régime », pour perdre 2 ou 3 kg.
Il(elle) est obnubilé(e) par son poids, par la minceur qu’il(elle) voue comme un culte.

Sur le plan alimentaire, on peut constater plusieurs cas de figure :

– La restriction calorique (de plus en plus importante) tout en conservant une alimentation « normale » c’est-à-dire sans suppression d’aliments
– La restriction calorique et la suppression de certaines catégories d’aliments : les aliments sont alors diabolisés, notamment les viandes rouges, les féculents, le pain, les aliments gras (la charcuterie, les matières grasses, le fromage, etc.) et sucrés (les gâteaux, le chocolat, etc.)
– Le comptage de calories
– Des aliments privilégiés : les fruits et légumes, les laitages, les légumineuses, le poisson, la viande blanche, etc
– Le tri/ la compartimentation des aliments
– Le fait de couper les aliments en petits morceaux
– Le choix de la vaisselle : il est fréquent que le(a) patient(e) souffrant d’anorexie privilégie toujours la même assiette par exemple
– La modification des textures : la nourriture dont la texture est molle est parfois préférée

J’insiste sur le fait qu’un seul de ces cas de figure n’est pas suffisant pour se poser la question de l’anorexie mentale. L’inverse est valable : toutes les personnes souffrant d’anorexie mentale ne sont pas touchées par tous ces cas de figure cumulés.

Les symptômes de l’anorexie sur le plan physique :

Au fur et à mesure de l’avancée de l’anorexie mentale, des symptômes peuvent apparaître :

– La perte de poids (critère généralement remarqué en premier lieu)
– Une perte de cheveux, des ongles fragilisés
– Une aménorrhée
– Une sensation de frilosité constante
– De l’hypotension
– Une baisse d’énergie et une fatigue excessive
– La disparition des sensations alimentaires : perte d’appétit et de la sensation de rassasiement
– Troubles digestifs
– Des problèmes dentaires en cas de vomissements
– Troubles cardiaques etc

Outre l’aspect physique, il est fréquent que le(a) patient(e) s’isole socialement. Parfois, des idées suicidaires peuvent apparaître. Sur le plan scolaire, s’il s’agit d’adolescent(e), il est fréquent que les études soient mises entre parenthèses.

Quelles sont les causes de l’anorexie mentale ?

Les causes de cette maladie sont multiples. Un caractère héréditaire a été mis en avant, mais d’autres facteurs sont à prendre en considération :

– Des épisodes dépressifs
– Une mauvaise estime de soi
– Un entourage « saboteur »
– L’impact des réseaux sociaux
– Un besoin important de viser la perfection, etc.

Une prise en charge optimale

Avant toute chose, je rappelle que l’anorexie mentale est un vrai problème de santé.

L’anorexie mentale est diagnostiquée par le médecin généraliste ou un psychiatre. Nous, diététiciennes, ne sommes pas en droit de poser un diagnostic.

La prise en charge pluridisciplinaire est primordiale : j’insiste ! Le combo parfait : médecin généraliste ou psychiatre, psychologue et diététicien(ne). Si le(a) patient(e) est un(e) adolescent(e), je propose aux parents de se tourner également vers une thérapie familiale.

Bien entendu, cette prise en charge à ses limites ! Il arrive que l’état général du/de la patient(e) se dégrade : perte de connaissance, baisse de la tension, troubles cardiaques, etc. Le pronostic vital est alors engagé, une hospitalisation d’urgence est nécessaire. Par la suite, une hospitalisation, en clinique psychiatrique, sera fortement recommandée. Malheureusement, les places sont chères…des semaines voire des mois peuvent s’écouler avant de pouvoir être pris en charge.

Précision : l’anorexie mentale est une vraie pathologie, pas un caprice d’adolescent(e). Il est fréquent que les parents soient aussi dans le déni. J’ai régulièrement entendu au moins un des deux parents dire « je ne comprends pas, ce n’est pourtant pas compliqué de s’alimenter ». Ce n’est pas une question « d’effort » ou encore de « volonté ».

Quelques conseils à l’intention des parents d’adolescents souffrant d’anorexie :

– Vous n’êtes pas responsables de la maladie de votre enfant, ne culpabilisez pas. Ce qui compte, c’est le présent. Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui pour aider et accompagner votre adolescent(e) à se sentir mieux ?
– Maintenez une vie de famille « normale » : l’anorexie est une maladie mais, elle ne définit pas votre adolescent. Tout ne doit pas tourner autour de cela.
– Soyez bienveillant et à l’écoute : évitez d’être dans le jugement par rapport à son poids, son alimentation, etc.
– Au moment des repas : essayez d’instaurer un cadre calme. Le repas n’est pas le bon moment pour régler les conflits par exemple.
– Sollicitez votre adolescent(e) pour l’organisation des repas : la composition des menus, les achats alimentaires, la préparation culinaire. Cela peut le rassurer.
– Soyez patient : l’anorexie mentale est une pathologie qui se soigne dans le temps.

Si vous ou votre adolescent(e) souffrez d’anorexie mentale, n’hésitez pas à me contacter. Je propose en consultation un accompagnement diététique et psycho-comportementale. Nous abordons les notions d’estime de soi et de perception corporelle. Nous travaillons autour des émotions et des pensées limitantes. Un tas de jeux et/ou d’exercices sont proposés pour vous aider.

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