L’alimentation émotionnelle

L’alimentation émotionnelle ne fait pas partie des troubles du comportement alimentaire (TCA) bien, qu’on la retrouve souvent chez les patients boulimiques ou hyperphagiques.

L’alimentation émotionnelle, qu’est-ce que c’est ?

L’alimentation émotionnelle est la prise de nourriture en lien avec une émotion, agréable ou non. Cette faim émotionnelle, qui n’est pas un besoin physiologique, a pour but de réconforter ou apaiser.

La plupart du temps, il s’agit de compulsion alimentaire : le sujet est à la recherche d’une satisfaction immédiate.

Quelles sont les différentes formes d’alimentation ?

Pour comprendre ce qu’est l’alimentation émotionnelle appelée aussi « faim émotionnelle », il convient de distinguer les différentes formes d’alimentation :

– L’alimentation physiologique ou physique : elle apparaît lorsque le taux de sucre dans le foie (le glycogène) diminue. On parle alors d’hypoglycémie. Notre corps nous envoie des signaux, généralement localisés au niveau digestif (gargouillis, sensation de creux, crampes). Dans ce cas, il faut manger : apporter de la nourriture à son corps lui permettra de reconstituer ses réserves.

– L’alimentation hédonique : nous sommes dotés de cinq sens (l’ouïe, la vue, le goût, le toucher et l’odorat). Ceux-ci sont plus ou moins développés d’une personne à l’autre mais, ils sont présents lorsque nous mangeons. Ne vous êtes-vous jamais laissé tenter par un éclair au chocolat en allant acheter votre baguette ? Cette vitrine remplie de pâtisseries alléchantes, cette odeur délicieuse de pain… Cette faim n’est pas importante sur le plan physiologique mais, elle est nécessaire. Elle permet de…se faire plaisir ! Elle évite la frustration. Manger est un besoin mais pas que. Manger est également un acte de partage, de convivialité et de découvertes culinaires.

– L’alimentation émotionnelle : enfin, nous y voilà ! Je disais plus haut qu’elle était une réponse à une émotion positive ou négative. C’est vrai que souvent, on l’associe plutôt à une émotion négative mais, la joie, une émotion positive, peut également nous faire manger, de manière intense. A ce moment-là, la frontière est mince entre l’alimentation hédonique et l’alimentation émotionnelle.

Les émotions, qu’est-ce que c’est ?

Nous ne pouvons pas solutionner l’alimentation émotionnelle sans définir la notion d’émotion.

Une émotion est une réaction physique et psychologique face à un stimulus extérieur.

Il existe six émotions fondamentales : la peur, la tristesse, la joie, la honte, le dégoût et la colère.

L’émotion se distingue de la sensation, qui elle, est perçue grâce à nos cinq sens. L’émotion va d’ailleurs générer des sensations : les mains moites, les palpitations, la gorge nouée, la mâchoire crispée etc.

Elle est intense mais, de courte durée, contrairement à un sentiment qui s’installe progressivement.

Pour mieux comprendre : j’apprends le décès d’un proche
– Emotion perçue : la tristesse
– Sensations ressenties : gorge nouée, larmes, mains tremblantes…
– Sentiment : le chagrin

Les émotions sont-elles nécessaires ?

Eh bien oui ! Qu’elles soient positives ou négatives, elles sont importantes car elles agissent comme un système d’alarme.
La peur par exemple, sert à nous signaler un danger ou une menace (évidemment, il arrive que nos émotions soient créées de toutes pièces. La peur n’existe peut-être pas à ce moment-là mais, vous percevez une situation comme étant angoissante ou menaçante).
La colère, elle, nous informe d’une insatisfaction par rapport à nos besoins. Etc.

L’alimentation émotionnelle est-elle un problème ?

Manger ses émotions n’est pas problématique en soi et, ça arrive à chacun d’entre nous ! Dédiabolisons cela !
L’alimentation émotionnelle devient un problème lorsqu’elle est l’unique réponse aux émotions perçues.
Imaginez, vous sortez du travail, vous vous rendez à la boulangerie. La journée a été fatigante et, vous êtes en colère contre votre collègue. Vous vous êtes disputés sérieusement.
En entrant dans la boulangerie, vous repérez votre pâtisserie préférée.

Deux cas de figure :

– Vous achetez votre pâtisserie. En sortant, vous décidez d’aller vous assoir sur un banc, dans un parc situé tout près. Vous prenez le temps de respirer un bon coup. Cette pâtisserie est délicieuse. Vous la savourez. Vous vous sentez mieux au bout de quelques minutes.
Evidemment, vous avez conscience que cette gourmandise ne règlera pas le conflit avec votre collègue (ce n’est pas une solution) mais, elle vous a fait du bien (apaisement). Si cela se reproduit, vous en discuterez directement avec lui, sans attendre (alternative).

– Vous achetez votre pâtisserie comme d’habitude quand vous n’allez pas bien. En montant dans votre voiture, vous la mangez directement, sans prêter attention à vos sens. A la première bouchée, vous ressentez une forte satisfaction. Pourtant, une fois le gâteau terminé, vous ressentez de la culpabilité. Vous pestez encore contre votre collègue ! La soirée va être désagréable !

L’alimentation émotionnelle est donc un problème si c’est votre seule alternative pour faire passer l’émotion et, qu’elle entraîne de la culpabilité. Vous pouvez vous poser les questions suivantes : « ce comportement est-il sain pour moi ? M’aide-t-il à me sentir bien à moyen terme ? Me permet-il de trouver une solution durable ? ».

Les causes de l’alimentation émotionnelle

Le stress, s’il est chronique, peut intensifier l’alimentation émotionnelle. Le cortisol, l’hormone sécrété dans ce cas, augmente l’appétit et, favorise ainsi la prise alimentaire. En cas de stress, nous sommes attirés par des aliments dits « doudou » ou « réconfortants » comme le chocolat, les gâteaux, les chips etc.

La fatigue ! Bien dormir est important. La nuit, nous sécrétons la ghréline (hormone qui stimule l’appétit) et la leptine (l’hormone de satiété). Un sommeil de mauvaise qualité peut perturber la synthèse de ces hormones. L’appétit augmentera les jours qui suivent et, votre corps étant fatigué, vous serez plus attiré par des aliments hypercaloriques : rapides à digérer et riches en énergie.

Le déficit énergique est également un facteur à prendre en considération. Parfois, les patients confondent l’alimentation émotionnelle avec un besoin physiologique. Une personne qui est en restriction, qui enchaîne les régimes par exemple, va mettre son corps en souffrance : fatigue, carences potentielles à terme, stress etc.

Toutes ces causes mettent le corps a dure épreuve. Votre organisme est fatigué, il manque d’énergie. Ainsi, des petits stimuli à la base, peuvent prendre beaucoup plus d’ampleur et, intensifier les émotions : nos comportements alimentaires sont donc modifiés.

Les conséquences d’une alimentation émotionnelle

La nourriture émotionnelle engendre très souvent une baisse de l’estime de soi. Généralement, on culpabilise de manger ainsi, de se servir de la nourriture pour combler un vide, par exemple.
Pour rappel, l’estime de soi se définit par « la valeur que je me donne ». Si mon estime de moi diminue, je perds progressivement de ma valeur. Je peux alors rencontrer des difficultés à m’affirmer, à développer ma confiance en moi, à mettre en place des actions etc.

Du point de vue santé, une prise de poids est également possible si l’alimentation émotionnelle est régulière.

Parfois, la vie sociale peut aussi être impactée. On se cache (culpabilité), on fuit (peur du jugement) etc.

Maintenant que l’on a posé les fondations, voyons quelles solutions s’offrent à nous.

Mes conseils pour se débarrasser de l’alimentation émotionnelle

La première chose à faire : accepter et normaliser ! Cela semble simple et pourtant…les sensations ressenties face à nos émotions sont souvent désagréables.

On pense alors qu’il est plus facile de fuir, mais, fuir nous demandera bien plus d’énergie sur le long terme que d’affronter ces émotions.

Pour vous aider, je vous propose deux exercices à faire, sans modération !

La méthode R.O.A.C.A comme alternative à l’alimentation émotionnelle

Quand une émotion arrive…
On ralentit ! On cesse toute activité en cours, on s’assoit. On respire profondément, on ralentit son rythme cardiaque.
On observe…que se passe-t-il à l’intérieur de son corps (les sensations) et à l’extérieur (notre environnement).
On accueille. Imaginez une vague qui arrive à vous. Laissez là venir, ne luttez pas. Repousser tout un océan serait totalement impossible, n’est-ce pas ? Souvenez-vous, les émotions sont faites pour prendre conscience d’une situation et, en sortir.
Comprendre…qu’est ce qui a amené cette émotion ? Quels sont les éléments déclencheurs ?
On agit… Quelles actions pouvez-vous mettre en place ? Quelles peuvent être les alternatives à la nourriture émotionnelle ?

Prête à essayer ?

Le scan corporel : mieux se connaître pour se libérer de l’alimentation émotionnelle

A quand remonte la dernière fois que l’on vous a posé la question suivante : « comment te sens-tu ? ». Je n’ai pas dit « ça va ? ». Je parle d’une question sincère !
Cela devient si rare et pourtant, l’alimentation émotionnelle démarre ici ! On ne prend plus le temps de s’écouter et d’observer comment l’on se sent réellement.

En atelier, j’aime proposer cet exercice méditatif :

Prenez quelques instants, un matin au réveil ou, le soir, après votre journée. Installez-vous confortablement. Demandez-vous sincèrement « comment je vais aujourd’hui ? » puis, laissez votre corps parler…
Passez-vous « au scan », de la tête aux pieds. Prenez note des sensations repérées : « tiens, j’ai des nœuds au niveau de l’estomac depuis quelques jours…je suis douloureuse au niveau des cervicales ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Que s’est-il passé ces derniers jours pour que vous perceviez cela ?

Cet exercice vous permettra de vous reconnecter à votre corps. Plus vous le ferez, moins les émotions prendront de place. Plus, vous réussirez à trouver d’autres alternatives que la nourriture émotionnelle.

L’alimentation émotionnelle, en conclusion…

En bref, la nourriture émotionnelle est normale et, cela touche aussi bien les hommes que les femmes.
Mais, elle peut devenir problématique si elle est régulière.

Si vous êtes sujet à une alimentation émotionnelle, nous pouvons nous rencontrer en consultation. La théorie c’est une chose mais, il convient de pratiquer au quotidien pour aider votre cerveau : une habitude prend plusieurs semaines à se mettre en place et, davantage pour s’ancrer.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lister des alternatives que vous puissiez mettre en place rapidement et facilement ! Voici mes astuces : lire un livre, boire un verre avec une copine, méditer, prendre un bain chaud, danser sur une musique entrainante etc.

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